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Développer le rugby féminin en Afrique : nouvelle mission de la Tunisienne Maha Zaoui

En février 2020, elle est nommée Manager du rugby féminin, avec pour mission entre autres, d’élaborer et mettre en œuvre le plan stratégique de développement de Rugby Afrique autour du rugby féminin, de s’engager avec toutes les parties prenantes et les départements de Rugby Afrique pour développer le rugby féminin, d’agir au nom de Rugby Afrique en tant qu’Ambassadrice du rugby féminin en Afrique et à l’international et de travailler avec les fédérations membres pour assurer la croissance et la participation (augmenter le nombre de bénévoles, d’entraineurs, d’arbitres, etc …) centrée sur les femmes. 

Maha Zaoui a le bon profil, eu égard à son très long parcours et à son excellente connaissance du domaine du sport ; en effet, elle a démarré sa carrière dans la gestion du sport, des organisations sportives et des évènements sportifs en 1997, soit il y a plus de 20 ans. Cette sportive dans l’âme pratique la natation depuis l’âge de 5 ans et est allée jusqu’à obtenir une Maitrise avec le 3è degré d’entraineur de natation, avant d’être arbitre internationale de natation et d’appartenir à de hautes instances de sa première famille sportive, et d’être adoptée plus tard par le Rugby dont elle tombera amoureuse en 2005. Cette année-là, elle intègre, comme membre élu, le Bureau Directeur de la Fédération Tunisienne de Rugby, chargée du développement du rugby féminin. Toutefois, Maha Zaoui avait auparavant occupé le poste de vice-présidente de la commission des sports, chargée de coordonner 23 comités olympiques nationaux et 23 fédérations sportives internationales ; c’était en 2001, à la faveur des jeux Méditerranéens, organisés à Tunis. 

La diplômée en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), spécialité natation et en sciences humaines appliquées aux APS, par ailleurs titulaire d’un doctorat en Management du sport (sociologie des organisations sportives) est engagée à apporter sa contribution au développement du Rugby sur le continent africain. Et ce, tout en continuant de donner des enseignements universitaires, notamment à l’Institut Supérieur du Sport et de l’Education Physique du Kef et d’être la Conseillère Technique, en charge entre autres du sport féminin, du ministre Tunisien des sports. 

 

Tunisie vs Sénégal

Bien connaitre le rugby

Le rugby est un sport de combat collectif, sport collectif d’affrontement, mais aussi d’évitement. Et le combat qui s’y déroule est toujours constitutif du jeu, lui-même nécessitant le courage individuel, la solidarité et la coopération entre les partenaires. Au rugby, la considération d’autrui, reste une règle d’or et se matérialise à travers le respect du règlement de l’arbitrage et aussi à travers le respect de l’adversaire qui n’est autre que celui contre qui l’on joue certes, mais aussi et surtout celui avec qui on joue. « C’est aussi cela le charme du rugby », affirme Maha Zaoui, la responsable du rugby féminin chez Rugby Africa. Le rugby est aussi connu comme l’école de la vie, car sport de valeur, sport rassembleur, de fraternité, de famille. Et les spectateurs ne sont pas en reste, parce que l’ambiance dans les tribunes reflète celle de l’aire de jeu.  

Ce sport collectif (d’opposition) a quelques similitudes avec le handball, le basketball mais rappelle aussi un sport individuel, la lutte en l’occurrence, par l’affrontement que l’on retrouve au niveau de la mêlée. Avec son caractère de sport athlétique, le rugby peut être donc considéré comme un ensemble de plusieurs disciplines sportives dans un seul sport. En outre, il n’existe pas une grande différence selon qu’il s’agisse de la pratique au féminin ou au masculin. Il y a juste des règlements à faire respecter, que l’on soit en face de joueurs ou de joueuses, et à 15 tout comme à 7 et indépendamment de la zone géographique où l’on se trouve. Telle est d’ailleurs la vision de Katie Sadleir (Manager générale du rugby féminin au niveau de World Rugby) : « Le but ultime pour moi et pour World Rugby c’est de déroder la distinction entre le rugby féminin et le rugby masculin, afin que l’on parle à la fin du Rugby qu’il soit joué par des hommes ou par des femmes ».  

L’étiquette selon laquelle le rugby est un sport dangereux, un sport agressif, reste encore présente dans l’esprit d’un grand nombre d’observateurs externes, mais les responsables de Rugby Afrique travaillent à faire disparaitre cette étiquette. D’autant plus que le rugby n’est pas le sport le plus dangereux à pratiquer. En effet, Maha Z. se veut très claire sur cette opinion : « N’en est-il de même pour d’autres sports ? Si on voit le handball ou le basketball, il y a tant d’accidents sportifs ; pareils que le rugby ». Et d’évoquer une recherche qu’elle a faite sur internet pour voir la situation de l’éventuelle dangerosité de la pratique du rugby, en termes de statistiques.  

Elle est parvenue aux conclusions suivantes : pour les sports à l’âge de 10 à 24 ans, plus la moitié des accidents est causée par des sports de ballons (30% des accidents causés par le football et 24% d’accidents sportifs causés par un ensemble de sports : handball, volleyball, basketball et le rugby). En clair, d’après cette responsable du Rugby féminin, il n’existe pas de spécificité propre au rugby, faisant de cette discipline un sport dangereux ou un sport qui cause le plus d’accidents sportifs.   

La Côte d’Ivoire attrapant le ballon sur une touche, mais n’a pas réussi à consolider ses avantages

Evolution du rugby sur le continent africain

La cartographie du rugby africain a toujours montré qu’il existe un gap entre le rugby du sud de l’Afrique et celui du reste du continent. Néanmoins, l’on a assisté à une toute autre image du rugby africain avec les résultats des derniers matchs du 15 masculin. Ce qui voudrait dire que chaque équipe peut avoir sa chance de remporter un match contre des équipes qualifiées la plupart du temps comme étant imbattables ; c’est l’exemple de la Côte d’Ivoire qui a gagné contre la Namibie 24 à 13 ou encore le score serré entre le Sénégal et le Kenya 19 à 20.

Une autre lecture de l’évolution du Rugby sur le continent est qu’il faut avoir confiance en soi, parce qu’il est de plus en plus possible de gagner contre des équipes qualifiées de fortes. 

Pour la responsable du Rugby féminin au niveau continental, on peut dire que le rugby africain se porte très bien, de façon générale. « Il y a de nouveaux formats de compétitions qui sont en train d’être mis en place. Nous sommes en train d’essayer de minimiser ce gap qui existe entre les deux hémisphères de l’Afrique ; il y a beaucoup de travail et l’avenir sera bien », estime Maha Zaoui, avant de préciser qu’au niveau féminin, la réalité est quelque peu différente, si on considère le dernier championnat de rugby à 7 qui s’est déroulé en 2018 en Tunisie, avec le carré d’or composé de l’Afrique de Sud, du Kenya, de Madagascar et de la Tunisie. « Donc pour ce qui est du rugby féminin, à part l’Afrique du Sud suivie du Kenya, les autres équipes ne sont pas très loin les unes des autres. Donc en travaillant, on peut développer le rugby féminin sur tout le continent », a-t-elle confié. 

Il est à noter que pour ce qui est du rugby à 15, Rugby Afrique a mené, il y a quelques mois, une série de matchs tests, pour évaluer le niveau du rugby féminin sur le continent et le tournoi qualificatif pour la coupe du monde a vu la participation de quatre (4) équipes, pour un classement final avec en tête l’Afrique du Sud, suivie du Kenya, quand Madagascar et l’Ouganda arrivaient respectivement 3ème et 4ème.

La Tunisie remporte le tournoi de la Coupe d’Afrique (1)

Plan de développement

Dans sa stratégie de développement du rugby féminin de manière générale, Rugby Afrique s’aligne avec les axes stratégiques de World Rugby, la fédération internationale, avec un focus sur quatre (4) axes majeurs, à savoir : le leadership (en ciblant une représentation de 30% de femmes), le marketing-partenariat (qui vise à ce que au moins 50% du financement provienne d’investisseurs externes, la création de produits sportifs créatifs), la compétition avec un objectif d’au moins 4 équipes africaines dans le top 30 mondiales et 2 participantes à la coupe du monde du Rugby féminin et World Serie). Le 4ème et dernier axe stratégique étant la participation ; faire en sorte que 40% des joueurs inscrits soit des femmes d’ici 2025.    

L’un des défis majeurs reste de mettre en place un format de compétition à 7 et à 15 qui est susceptible de garantir l’engagement de plus de fédérations, avec des chances d’une meilleure structuration des championnats nationaux, à l’effet de permettre aux dites fédérations d’être représentées par des équipes performantes et d’un autre côté, une compétition africaine d’un bon niveau, qui dure dans le temps. Toute disposition qui pourrait ramener des investisseurs et des partenaires stables qui sont très souvent à la recherche de visibilité, d’où l’appétence pour les événements spectaculaires et festifs. Du côté de Rugby Africa, l’objectif reste sportif, mais aussi financier. 

Serge Adam’s Diakité
Journaliste Indépendant 

Serge Adam’s Diakité, journaliste Ivoirien, est titulaire d’une Maîtrise en Germanistique (Allemand) obtenue à l’UFR-Unité de Formation et de Recherche- CMS (Communication, Milieu & Société) de l’Université de Bouaké en Côte d’Ivoire et d’un diplôme en gestion des programmes des radios communautaires et associatives (Formation en ligne du CEMECA – Centre des Médias Communautaires – de Dédougou / Burkina Faso).